Les colons pèsent sur la vie politique israélienne et sont un obstacle à la paix

Sous leurs airs de babas cool de retour de Katmandou, se cachent une violence et une haine assez terribles et si bien montrées dans le documentaire Les colons (1 & 2), de Shimon Dotan.

Le documentaire de Shimon Dotan décrypte le processus de colonisation israélienne qui se développe depuis 1967 et la guerre des Six-Jours.

Ce soir, décalez vos réunions, annulez tous vos rendez-vous et allumez votre poste de télévision. Ne manquez surtout pas le documentaire de Shimon Dotan diffusé sur Arte. Le réalisateur s’est attaché, dans un film en deux parties, à décrypter ce qui est aujourd’hui la véritable marque d’Israël, en réalité moteur de ce sionisme religieux au départ mais qui a dépassé les frontières de la croyance.

Deux volets donc, intitulés la Prophétie et la Rédemption. Deux mots bibliques qui, à eux seuls, disent bien les choses. Tout l’intérêt de ce documentaire repose justement sur la façon de décortiquer ce qu’on appelle « les colons ». Qui est une manière de regarder non plus simplement le fait politique, mais ceux par qui cela arrive. Tout démarre en réalité en 1967, après la guerre des Six-Jours. Des milliers de juifs israéliens s’installent en Cisjordanie. Ils sont sûrs de leur bon droit (divin). Shimon Dotan nous les montre comme une secte d’illuminés qui sait convaincre ou forcer le gouvernement pour s’installer autour des principales villes palestiniennes et entre les villages afin d’empêcher toute extension arabe. Bénéficiant d’un accès sans précédent auprès des pionniers du mouvement de colonisation et des colons actuels, religieux et laïcs, les Colons est une exploration en profondeur de ces communautés controversées qui exercent une influence déterminante sur l’avenir d’Israël et de la Palestine.

La complicité des gouvernements successifs

Images d’archives, mise en regard avec les paroles d’aujourd’hui et, surtout, évaluation de la progression terrible de la colonisation. On comprend ainsi la lâcheté, voire la complicité de tous les gouvernements israéliens successifs, qu’il s’agisse du Likoud (droite) ou des travaillistes (sociaux-démocrates), tendances politiques qui n’existent qu’au sein de la bulle du mouvement sioniste et donc qui partagent en commun la destinée laïco-biblique d’Israël.

Afficher l'image d'origineAujourd’hui, les colons dirigent la vie politique en Israël. Les « jeunes des collines », qui installent des avant-postes sont présentés généralement comme des sortes de « sionistes romantiques ». Mais sous leurs airs de babas cool de retour de Katmandou, se cachent une violence et une haine assez terribles et si bien montrées dans le documentaire. L’un des interviewés montre sa fierté d’être « raciste, de préférer prendre un juif en stop et jamais un Arabe », pour ne citer que l’une de ses paroles. C’est d’autant plus intéressant que ces « avant-postes » ne sont rien d’autre qu’une forme de colonisation non officielle et soi-disant illégale aux yeux du gouvernement israélien. Mais une ancienne procureure révèle dans le documentaire que ces avant-postes existent grâce à la complicité de ministres et sont financés par de l’argent public, y compris avec l’aide de l’armée, comme le montrent les images. Au passage, le documentaire fait un sort à ceux qui présentaient Ariel Sharon comme un homme de paix à cause du désengagement de Gaza. Shimon Dotan démêle le but politique de l’ancien premier ministre. En terminant par des images du chef du Foyer juif, Naftali Bennett, par ailleurs ministre de Netanyahou et colon lui-même, qui déclare que sans ces terres en Cisjordanie, il serait SDF, le réalisateur donne la mesure du danger qui guette la région et l’obstacle à la paix que sont les colons. C’est pour cela que, depuis une semaine, les sites les plus partisans d’Israël ne cessent de cracher sur ce remarquable documentaire.

grand reporter

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